Après son service à l'hôpital, où Erin avait fini assez tardivement, la jeune femme était rapidement passée chez elle. Pour cause, ce soir, elle allait voir Ryu. Cela faisait un bon bout de temps que les deux jeunes gens ne s'étaient pas vus. Ils se donnaient quelques nouvelles, certes, mais sans plus. Quelque chose avait changé, s'était brisé. Erin se sentait coupable. Elle devenait un véritable bourreau de travail et le peu de temps libre qu'elle avait, elle le passait à tenter de contenir ses pouvoirs. Des pouvoirs qui prenaient, chaque jour, le pas sur elle. Elle préférait donc s'éloigner de tous, afin d'éviter de blesser qui que ce soit. La jeune femme était loin de savoir que son ami, lui-même, traversait lui aussi une épreuve déroutante, étrange pour les humains qu'ils étaient.
Rassemblant ses affaires, la demoiselle prit la direction de l'appartement de Ryu. Combien de fois avait-elle fait ce trajet ? Elle ne les comptait plus. Ils avaient passé tant de bons moments qu'il était presque impossible de se rappeler de tout. Hormis la nostalgie, un sentiment d'appréhension submergeait la jolie blonde. Et si jamais ses pouvoirs faisaient surface, ce soir ? Comment l'expliquerait-elle ? Elle se montait probablement la tête, mais c'était du Erin tout craché : prudente... un peu trop même. Perdue dans ses pensées, elle arriva devant l'immeuble où son ami habitait. D'un pas léger, elle monta les escaliers et se posta devant la porte. Elle inspira un bon coup et appuya sur la sonnette.
Quand la porte s'ouvrit, un sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme. Même si elle était stressée, même si elle avait pris du recul vis-à-vis de ses amis, il fallait dire qu'elle était très heureuse de le voir.
Salut !
Elle s'avança jusqu'à lui, se hissa sur la pointe des pieds et lui déposa un baiser sur la joue. La demoiselle lui tendit ensuite un petit sac, répliquant simplement :
J'ai amené de quoi faire les mojitos !
Erin ne venait jamais les mains vides, c'était bien connu. Et en temps normal, quand il y avait des mojitos en jeu, c'était qu'elle était bien partie pour profiter d'une soirée. Avant même de pouvoir entrer dans l'appartement, elle ajouta, sur un ton sérieux :
ça fait longtemps que nous nous sommes pas vus...
Ce n'était en aucun cas un reproche. Juste une constatation. Une triste constatation.